Des bergers, au milieu de nulle part, dans un paysage impressionnant de collines semi désertiques grillées de soleil et balayées par le vent, c’est tout çà, Qawawis !
Depuis quelques mois, une association pour la paix israélo-palestinienne, Tayush, aidée d’Internationaux, travaille à la survie d’une petite communauté palestinienne menacée par la violence de colons installés à proximité.
Nous sommes dans la région d’Hébron, au Sud de la Cisjordanie. Certaines implantations israéliennes y sont particulièrement extrémistes et les incidents, souvent graves, sont nombreux depuis des années.
Qawawis est un "campement d’été" pour 5 ou 6 familles qui y passent 9 mois par an, se repliant pour les 3 mois d’hiver, dans un village voisin.
Le site est grandiose dans sa désolation. Nous sommes à près de 1 000m. d’altitude, sous un soleil aveuglant mais déjà moins chaud et un ciel uniformément bleu. C’est, jusqu’à l’horizon, un vallonnement de roches et d’épineux jaunis. Des oliviers et amandiers apportent, cependant, quelques taches de vert et, au loin, vers le Nord, on distingue l’agglomération d’Hébron, élément urbain bizarre dans ce paysage de désert.
Campement ou hameau, on hésite. De loin, il est difficile de distinguer les murs bas des abris et des enclos, des rochers environnants. Il y a une seule construction classique, gros cube plat avec porte et fenêtres. Les quelques autres habitations sont constituées de murs en grosses pierres avec une seule ouverture sans porte, le rectangle ainsi délimité étant protégé d’une bâche en guise de toit. Certaines maisons sont aux 3/4 enfouies dans le sol comme le sont certains lieux de stockage.
Un puit fournit l’eau et un générateur est branché 2 à 3h par jour.
Pas de route pour arriver jusqu’à Qawawis, le taxi vous laisse au bout d’un chemin pierreux. Une route de "colons", interdite aux Palestiniens, est à traverser et on arrive après 500m.de marche à travers la rocaille.
La vie de la communauté se décline autour de la sortie des troupeaux : tôt le matin et quelques heures l’après midi pour dénicher quelques herbes rares que seuls ces moutons et ces chèvres, habitués à ces conditions, peuvent apprécier.
Un International reste au village, le deuxième accompagne les bergers. Le but de l’entreprise est de dissuader toute tentative de violence par la seule présence de témoins gênants.
Les repas sont pris dans une famille, chacune se relayant à tour de rôle. Dans la pièce en torchis, des matelas sont disposés sur la terre battue ou le ciment. Les plats, posés au sol, sont partagés entre tous. Les couvertures pour la nuit s’entassent dans un coin. Quelques ustensiles de cuisine et un réchaud complètent l’équipement.
Le reste de la journée se partage, pour les gens du hameau, en travaux ménagers, entretien des enclos et des habitations et longs repos en plein air en ce mois de Ramadan.
Séjour passionnant de plongée dans un autre monde, dans un ailleurs géographique mais aussi historique,... la vie des éleveurs, il y a quelques milliers d’années, devait être en tout point semblable.
L’enthousiasme est cependant pondéré par la gravité de la situation politique qui justifie notre présence, en même temps que la gêne de l’œil indiscret que nous représentons. Quel impact sur cette société que la présence de ces gens si différents, de ces femmes sans voile, loin de leurs maris, si libres peut-être ? Gène aussi face à ce dénuement, cette vie réduite au minimum, si loin de nos critères et de nos exigences.
La Palestine est multiple. Qawawis en est une facette issue directement de tous ces peuples d’éleveurs semi nomades qui participèrent largement à l’élaboration de sa culture.